La dégradation de la note de la France ainsi que de 8 autres États européens ce vendredi 13 janvier 2012 a portée un coup sévère dans la sphère politique de la zone Euro : l'Agence de notation Standard and Poor's a semble t'il fragilisé un fonctionnement qui peine à se maintenir malgré les effets de la crise.
D'un bout à l'autre de la zone euro, on s'interroge sur les raisons qui ont poussé ce seul et unique cabinet à redistribuer les cartes, mais aussi à court ou moyen terme à influencer les autres agences. A elle seule, cette agence privée a ébranlée des gouvernements et les a poussée à revoir leur copies.
Au niveau européen
Pour S&P, "l'environnement politique de la zone euro n'a pas été à la hauteur des défis croissants engendrés par la crise" a déclaré Moritz KRAEMER (chargé de la notation des états européens auprès de l'agence). En d'autres termes, la politique budgétaire mis en place depuis le début de la crise et la gestion par les états n'est pas suffisante pour aboutir à quelque chose de fonctionnel.
Il faudrait donc revoir le système par la mise en place de réformes globales au sein de l'Union Européenne.
A une si grande échelle et avec autant de gouvernements différents, cela ne sera pas une chose facile. D'ailleurs, cette notation vient encore créer une brèche au sein de la zone en délimitant tel le mur de Berlin deux sous-zones : les pays en difficultés au sud, dont la France fait partie; et les pays du nord qui ont de bonnes perspectives, dont fait partie l'Allemagne.
Cet écart de richesses, de puissance mais aussi d'influence risque d'aboutir à un vrai schisme ou de vraies dissensions.
On remarquera que le pays qui tire au maximum son épingle du jeu n'est autre que l'Allemagne qui voit son pouvoir d'influence et de décision renforcer. Non seulement elle garde son "AAA" mais obtient en plus une perspective positive... et devient donc un leader ainsi qu'un État de confiance sur le marché de la zone euro !
Paris et par conséquent la France se retrouve en position de faiblesse face à une Allemagne dominante et quasiment seule aux commandes.
Au niveau national
Les membres de l'opposition s'accordent à dire que la faute revient au gouvernement en exercice et au Président Sarkozy qui n'a pas su faire face à la crise. Pour eux, le président sortant n'a pas été attentif car il n'aurait pris conscience que trop tard de la nécessité de réduire les déficit et de lutter activement contre l'endettement du pays!
Il ne s'agirait donc que d'une sanction de la politique économique du gouvernement français.
Même si tout le monde s'y attendait, il s'avère que l'annonce est digne d'un véritable électrochoc politique, car le Président souhaitait préserver le Triple "A" dans sa stratégie électorale. A ce stade, tout est à revoir pour lui pour trouver une issue afin de rester en place si il souhaite effectuer un autre mandat.
Ceci dit, l'impact de cette dégradation va au delà de la sphère de la présidence française, car tous les futurs candidats devront inévitablement faire plus que de critiquer et de s'attarder sur une situation qui n'est pas un cas "mort d'homme". La note française a été baissée d'un cran : nous ne sommes plus excellent mais juste bon. Pour reprendre l'image de François BAROIN d'un "20/20 on passe à un 19/20".
Aussi, il faudra que chacun des programmes politiques qui seront exposés s'appliquent tant au peuple français mais aussi s'insèrent dans les dispositifs de relance de l'économie européenne : une échelle que certains candidats ne maîtrisent pas à 100%.
L'accès au Palais de l'Elysée semble bien être semé d'embûches pour les concurrents, car cela n'était pas prévu au programme. La gauche et les autres n'ont donc aucunes raisons de se réjouir de cela pour le président sortant car tous devront redoubler d'efforts.
Pour retrouver une note souveraine maximale, il nous faudra attendre un minimum de 7 à 9 ans, donc aucun candidat n'est sorti de l'auberge !
Par rapport à la relance économique européenne
Standar & Poor's aurait pu se contenter, vu les résultats insuffisants (selon eux) du sommet européen du 9 décembre, d'abaisser le niveau de notation de toute la zone euro afin d'éviter de créer 2 parties dans la zone : tout le monde aurait été au même niveau si on peut le dire ainsi.
Mais en privilégiant le détail, il s'agissait de prendre en considération les efforts entamés par certains sans pénaliser d'autres (comme l'Allemagne et d'autres pays du nord) mais aussi de ne pas induire un phénomène d'austérité générale pouvant conduire à un éclatement de la zone, d'autant plus que plusieurs états sont très atteints.
D'ailleurs, le fond de secours européen (FESF) risque de subir quelques répercussions, car bien que pour le moment il détient une notation de type AAA, l'agence S&P analyse les répercussion de son annonce de dégradation du 13.01.12 en vue de revoir la note souveraine du FESF d'un ou deux crans inférieurs... en gros et au fond, il semblerait que l'agence dirige la zone et influence les tendances financières.
Berlin (par l'intermédiaire de la chancelière Angela MERKEL) qui a obtenu tous les lauriers envisage déjà d'imposer une réponse budgétaire par rapport à la crise en demandant une application rapide du pacte budgétaire prévu afin de "donner des garanties de finances solides pour l'avenir". Pratiquement seule aux commandes, la chancelière se doit de tirer son épingle du jeu devant le président français qui avait déjà du mal à faire adopter certaines de ses opinions.
Le pouvoir semble concentré après cette annonce de dégradation on dirait... mais il faudra savoir tout gérer et notamment l'interruption subite des tractations de sauvetage et de négociation de la Grèce avec les partenaires privés.
Tôt ou tard, les effets de la crise se feront ressentir par quelque moyen que ce soit. Les USA on été dégradés par les 3 agences, et continuent pourtant à emprunter à des taux avantageux grâce à la force du dollar dans l'économie mondiale.
La France n'a été dégradée pour l'instant que par une seule et unique agence de notation sur les 03 qui sont reconnues et font autorités : il ne s'agit donc pas de s'affoler et de tirer à tout va mais de réfléchir à une issue de secours pour limite la casse.
Le vrai impact de cette dégradation prévisible sera évalué ce lundi 16 janvier à l'ouverture et à la fermeture des marchés qui avaient déjà anticipés le choc depuis le mois de décembre.
La semaine du 16 janvier devrait donner la tendance qui devrait rythmer l'année... ainsi que les prochaines élections françaises.
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