Depuis le 05 décembre, 17 pays de l'Union Européenne dont les grands que représentent l'Allemagne et la France sont dans une certaine tourmente : l'agence Standard & Poor's annonce dans un communiqué que 15 pays de l'UE sont sur surveillance négative et donc certains risquent de perdre le fameux et tant convoité "AAA".
Depuis c'est le branle-bas de combat au niveau des gouvernements et surtout de la France : l'Etat ne souhaite pas perdre cette notation qui lui fait avoir des prêts à des taux très bas voir avantageux. En effet, c'est l'un des rares "grands pays" à encore profiter de cette notation excellente, vu que les USA ont été dégradés récemment.
Mais qu'est ce concrètement que le "Triple A" ?
Il s'agit de la notation financière ou notation de la dette basée sur l'appréciation faite par une agence financière reconnue du risque de la solvabilité d'une Entreprise, d'un Etat ou d'une Opération (emprunt, titrisation, financement structuré, ...).
Dans le cadre des marchés financiers, la notation qui est attribué à l'organisme ou à l'opération permet aux investisseurs d'apprécier le risque que comportera l'investissement dans lequel ils se projettent et de savoir par défaut à quoi ils s'exposent dans une délais plus ou moins proche.
Les 3 plus grandes agences de notation financières privées sont à ce jour Américaines. Il s'agit de : Moody's, Standard & Poor's et Fitch Ratings. Une autre agence reconnue provient de la Chine, il s'agit de Dagong Global Credit Rating (cette dernière attribue en général des notations faibles aux dettes souveraines par rapport à ses concurrents).
Comment se déroule le processus de cette notation ?
Succinctement, les agences ont accès à tous les documents de l'entreprise ou de l'Etat pour le compte duquel ils interviennent, mais aussi aux principaux responsables pour obtenir des informations fiables, en temps réels : l'interaction doit être permanente.
- Pour les entreprises, elles se basent sur la comptabilité, la gestion, les perspectives économiques et aussi les risques existants du marché.
- Pour les Etats, l'examen de la situation économique, de la stabilité politique financière et budgétaires priment.
- Pour les opérations, il s'agit modéliser l'opération par rapport aux flux financiers afin d'évaluer le risque et les pertes probables.
Cet examen pointilleux de tous ces paramètres dans les cas pré-cités permet de savoir où en est le commanditaire de cette notation. A tout moment, l'entreprise ou l'Etat en cas d'insatisfaction (ou sachant qu'une mauvaise note va être attribuée) peut rompre le contrat... moyen le versement de la somme prévue par le contrat (tout travail mérite salaire même si on accepte pas les conclusions...).
Ainsi pour être crédible et bénéficier de transactions avantageuses dans le cadre d'emprunts, il est important de maintenir le fameux Triple A sur le marché financier actuel.
Quelles sont les notations?
Le tableau ci après résume un peu le classement pour chaque agence de notation !
Aux vues des critères ou de la signification de la note, on comprend mieux pourquoi certains se battent pour maintenir leur notation... mais aussi en cas de dégradation importante pourquoi d'autres refusent la communication de leurs notation. Il est quand même important de souligner que tous les Etats ou les Entreprises doivent être soumis à ce barème en cas de fortes transactions.
Le cas Français
Depuis le 05 Décembre, tout est mis en place pour le gouvernement pour minimiser l'impact que serait une telle perte : le Président SARKOZY l'affirmait encore lui même ce lundi 12 Décembre dans le journal le Monde "cela n'est pas insurmontable". Le gouvernement aillait même jusqu'à évoquer que la mise en place des orientations socialistes mèneraient la France à la perte du "AAA" en cas de victoire aux prochaines élections.
Néanmoins, ce mercredi 14 Décembre Arnaud LeParmentier annonce sur Twitter que cette perte est plus proche qu'on ne le croit, et qu'il ne serait qu'une question d'heures... Du coup, les Politiques et Économistes réagissent pour désamorcer la fameuse bombe à retardement.
Alain JUPPÉ, Ministre d'Etat des Affaires Etrangères et Européennes, relativise l'impact de cette perte lors d'une interview dans les Echos en précisant que "la perte du Triple A ne serait pas un cataclysme"... avouant et acceptant à demi-mots cette dégradation qu'il ne considère pas comme étant un échec.
La Ministre du Budget, Valérie PÉCRESSE, abonde dans ce sens et ne remet nullement en cause le statut de ces agences de notation. Elle affirme notamment qu'en matière budgétaire, ils garderont le cap !
Bien sur, à ce stade l'image du Président (sortant !!!) est écornée, car on retiendra qu'il a plongé la France dans le déficit et que la dette souveraine tout comme le chômage se sont accrus sous son mandat ! Triste bilan à l'approche de l'échéance électorale sur lequel s'appuie l'opposition socialiste pour contrer la majorité.
Ceci dit, certains économistes soulignent que tout cela n'est pas dramatique : bien que les USA ont été dégradés, ils empruntent toujours avec avantages non négligeables. De plus, en 1981 il faut rappeler que le taux d'emprunt était énorme (de l'ordre de 23% contre 5% en moyenne actuellement)... bien que la dette souveraine n'était pas à ce stade. Ceci dit, cela n'a pas empêcher le monde de tourner.
Les perspectives face à la crise
A ce jour, tout le monde redoute une spirale infernale à l'image de la Grèce ou de l'Italie avec les retentissements que nous connaissons : austérité, pertes massives d'emploi, baisse des salaires, augmentations des impôts, dissolution éventuelle de gouvernements... beaucoup de prévisions pessimistes en somme !
D'autres pays comme le Royaume Uni sont bien plus exposés : très faible croissance, forte dette, forte inflation, un crédit qui s'effondre. D'ailleurs, Christian NOYER (Gouverneur de la Banque de France) serait partisan pour que les agences de notations revoient leur jugement en dégradant d'abord cet Etat, au regard des fondamentaux économiques et cela vis à vis des autres pays de l'espace Européen !
Face au jugement d'agences privées, les pays voient leurs perspectives évoluer et modelées en fonction d'analyses et on peut se demander qu'elle est vraiment l'impact et le poids de ces agences sur la scène mondiale. Face à certaines grandes institutions financières, elles se situent au dessus en régulant les flux, les marchés et la force (ou la faiblesse d'un Etat) au gré de notations plus ou moins justifiées (cf le Royaume Uni).
D'ailleurs, en ce moment, un pays émergeant sort du lot face à la crise et tous les autres se ruent vers celui-ci : La Chine ! En effet, la plupart empruntent au Pays du Soleil Levant afin d'éponger leurs dettes et de maintenir une certaine stabilité financière.
Qui l'aurait cru il y a encore quelques années !
Les prochaines heures sont attendues avec frilosité par le gouvernement pour la stratégie à adopter si cela se confirme; mais aussi les prochains mois avec appréhension par les Économistes concernant les tendances financières et sociales aux vues de l'impact attendu sur les bourses et marchés. Bien sur, l'opposition française reste en alerte(?) pour une contre stratégie à élaborer afin de renverser la tendance.
Ceci dit, la machine est lancée et les réponses viendront à court terme : l'année 2012 sera décisive sur tous les plans.
Et vous, comment allez vous réagir? Quelle est votre opinion?
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